Le bar peut parfois être vide même si cela reste rare. Ce n'était évidemment pas le cas ce soir, mais j'avais autre chose à faire. En effet, je devais faire le tour de mes partenaires pour leur distribuer des flyers. C'est une bonne manière de venir prendre des nouvelles et encore plus pour se faire offrir un verre. J'aimais bien passer ma soirée dans chaque lieu pour comparer l'ambiance avec celle de mon bar. Il est clair que mon bar était plus conviviale à côté des boites de nuit. Je n'étais pas du genre à laisser ma clientèle baiser dans tous les coins. Je n'étais pas l'archétype de la sainteté, c'était certain. Quand je repensais à cette partie de jambes en l'air avec cette inconnue dans les loges de mon bar, je rougissais fortement. J’interdisais à ma clientèle ce que moi j'osais faire. Je me consolais surtout en me disant que j'étais la patronne et que j'avais tous les droits. Cela m'amusait quand je concluais que je faisais dans mon bar, ce qu'on peut faire dans une discothèque. Encore une fois, ce n'était que des histoires de sexe, quelque chose dont j'ai bien du mal à me passer...

Avant de découvrir mon péché capital, j'étais pas de la sorte. Le sexe était facultatif à ma vie, mais depuis que je me débrouille bien en alchimie, ma vie a changé du tout au tout. Le fait d'avoir gagné à la loterie m'avait enrichie. J'étais devenue sérieuse bien que perverse. Mon activité de ce soir là le témoignait très bien. Je venais pour la promotion de mon bar, mais je refusais de ne pas m'amuser si l'occasion se présente. Je savais m'amuser, mais toujours dans la discrétion. J'ai une réputation à tenir puisque je tiens un bar très important à San Francisco.

La morsure que j'avais au cou avait mis du temps à cicatriser. Je faisais tout pour que cette histoire ne remonte pas aux oreilles de n'importe qui. J'avais déjà deux témoins à charge et cela me suffisait amplement. J'osais faire des choses dans mon bar, mais j'en payais le prix. A croire qu'oser baiser avec une inconnue alors que c'est interdit pour la clientèle, me coutait très cher. Je ne m'étais pas assez méfiée... Cette histoire m'avait fait comprendre que la méfiance dans le monde dans lequel on vit est très importante...

Ce soir là, j'étais vêtue d'un blazer noir qui recouvrait un large t-shirt blanc qui me tombait jusqu'aux fesses. J'avais un slim et des petites bottines noires en cuir aux pieds. Un collier de perles noires entourait mon cou. Je portais un sac à main en cuir que je laissais à l'accueil de la boite de nuit. La discothèque en question s’appelait le "VIP". Il portait très bien son nom, je n'étais pas du genre à fréquenter des endroits de pacotilles.
J'entrais donc et me laisser guider par le son de la musique et les tintements de verres. Des halos de lumière multicolore apparaissaient ici et là. Un DJ jouait à la sono alors que des serveurs essayaient de se frayer un passage entre les danseurs.

J'avais pris soin de mettre mon argent dans les poches avants de mon pantalon et tenais mes flyers en main. Je cherchais le bar que je trouvais facilement. Je réussis à me faufiler sans encombre et pris place sur un tabouret à côté d'un inconnu. Sans me faire attendre, je tapais sur le bar pour attirer l'attention, j'avais de la chance, le patron était là ce soir.

" Mackenzie ! Comment vas-tu ? "

Il savait très bien que je n'avais pas payé l'entrée, tout comme le verre qu'il allait me tendre dans un instant. Nous étions partenaires, il n'y avais pas de quoi en faire tout un plat. Mais je dois avouer que je jouissais des avantages. Je devais être en train de bosser dans mon bar, mais au lieu de ça je venais franchement m'amuser. Le patron était content de me voir car il savait très bien que mes clients rejoignaient sa boite de nuit après la fermeture de mon bar dans les coups de 2 heure du matin.

" Je vais très bien, et toi ? Les affaires ?
- Les affaires tournent bien ! "

Tu m'étonnes ! Heureusement que les affaires tournent bien ! San Francisco est une ville de prestige et ce genre de discothèque n'avait pas lieu de ne pas marcher. Il me proposa de boire un verre et je ne refusais pas. Sans hésiter, je lui commandais un verre de passoa. C'est un cocktail au fruit de la passion. Bien sûr, il aurait été meilleur si j'avais pu y mettre quelques gouttes de mes chères potions...
Je lui posais la pile de flyers sur le comptoir. Il me remercia d'un clin d’œil. C'était donnant-donnant, il le savait très bien puisqu'il faisait la même chose pour moi.

La musique et l'ambiance était plutôt bonne. La seule chose intrigante était cet homme qui buvait à côté de moi. Il n'avait pas l'air perdu, mais il semblait très seul. Je ne voyais que très peu son visage. En tout cas, il n'avait rien avoir avec les gens que je connaissais. Il me faisait surtout penser à ces poivrasses qui enquillent les verres d'alcool. J'aurais pu l'aborder, mais je pris le temps de découvrir la salle. Mon regard se posa sur la foule puis sur les hommes et enfin sur les femmes. Mon péché ne jouait pas du sien ce soir, c'était une bonne nouvelle. Je dois avouer qu'une des femmes me plaisait bien. Toutefois, mon intention se posa sur mon verre puis sur l'inconnu. Nos regards se croisèrent et je découvris enfin ses yeux...

Le barman reprit la parole, ce qui me fit sourire. Il cherchait l'attention de l'homme qui se trouvait à ma gauche. J'étais amusée, témoignant avec un sourire charmant.
" Ah, elle est belle Mackenzie hein ?! "